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Coup de cœur | La Perle et la Coquille, Nadia Hashimi

Kaboul, 2007, dans un «village couleur kaki» ravagé par la misogynie des hommes et le règne des talibans, Rahima a eu le malheur de naître femme. Elle rêve de liberté dans un pays ou la fille est considérée comme une honte, un fardeau dont il faut se débarrasser.
Son seul espoir réside dans la tradition des Bacha Posh, qui consiste en la travestir en garçon afin de lui permettre à elle et à ses sœurs, de goûter, ne serait-ce que pour une durée tristement éphémère, à la liberté insolente dont jouit quotidiennement le sexe opposé. Elle puise son courage et son inspiration dans le récit de la vie de son ancêtre Shekiba, que lui dévoile peu à peu sa tante, afin de l’aider à mieux tirer profit de sa nouvelle vie avant d’être en âge de se marier et de revenir à sa cauchemardesque condition de jeune fille.

Shekiba, nous plonge au cœur de l’Afghanistan terrible du début du 20e siècle. Son histoire bouleversante nous embarque dans un tourbillon de sentiments forts et compatissants à son égard. Car en plus d’être née femme dans un pays machiste, elle souffre d’une déformation faciale due à un accident, qui n’arrange en rien sa condition et fais fuir les prétendants. Elle est rejetée par les siens et traitée comme un vulgaire objet que les hommes vendent et échangent sans sourciller. Un personnage touchant et attachant qui nous accable de chagrin et nous inspire courage et volonté. Rahima, quant à elle, nous fait découvrir l’Afghanistan actuel. Jeune fille dynamique et ambitieuse, elle est vite repérée par un seigneur de guerre qui l’épousera alors qu’elle n’a que treize ans et qu’elle commence juste à renaître et à reprendre goût à la vie. Un personnage fort et particulièrement admirable qui nous fait balancer entre rires et larmes et qui ne cesse de nous surprendre jusqu’à la dernière page.

A un siècle d’intervalle, ce roman entrelace deux destins arides à deux époques parallèles, et n’épargne aucun détail sur l’enfer de la condition de la femme afghane qui n’a guère évolué en cent ans. Les femmes sont toujours soumises, elles appartiennent d’abord à leur père qui choisit à qui les marier, puis à leur mari qui leur fait subir les pires affronts. En plus d’assurer toutes les corvées ménagères, elles doivent aussi assurer à leur mari la fierté: un héritier, et gare à celles qui n’y parviennent pas.

Ces femmes en manque de liberté, livrent une bataille quotidienne et sans merci pour maintenir la flamme de l’espoir et entrevoir une lumière au bout de l’interminable tunnel dont l’horreur continue de hanter leur quotidien, tout comme vous hantera ce roman certainement à jamais. A l’image de ses personnages, la plume de Nadia Hashimi est douce et poétique, en plus d’être majestueuse. Le choix de ses mots caressera vos sens, les éveillera de façon à ce que vous ne refermeriez le livre que dans un long soupir de gratitude pour une leçon de vie aussi précieuse que douloureuse. Ce livre est l’écho des voix des femmes qu’on opprime et qui méritent d’être entendues. Un véritable coup de cœur littéraire !



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