Partager la publication "UPCYCLING : L’AVENIR DE L’INDUSTRIE DE LA MODE"
D’après un rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (2020), l’industrie de la mode consomme 215 trillion de litres d’eau et émet 3.3 milliard de tonnes métriques de gaz à effet de serre chaque année.
Aujourd’hui, de plus en plus de consommateurs, de producteurs, et de marques développent des alternatives afin de contrer les impacts néfastes des activités de l’industrie de la mode sur l’environnement.
D’après Kawtar El Massioui, étudiante à l’École des Arts Déco de Paris, la démocratisation de l’upcycling, une pratique consistant à transformer des vêtements pour leur donner une seconde vie, est aujourd’hui une opportunité incontournable pour l’industrie de la mode. “Non seulement l’upcycling permet de s’éloigner d’un modèle capitaliste pour se rapprocher de l’économie circulaire, mais en plus, il valorise le travail des designers tout en tissant une relation saine et privilégiée avec les consommateurs” nous partage Kawtar.
Son rapport à l’upcycling lui est venu naturellement, “lorsque j’étais adolescente, je n’avais pas d’argent de poche donc je piquais des vêtements à ma tante et je les remodelais. L’upcycling m’a permis de sortir de ma zone de confort en termes de créativité. J’ai pu transformer des vêtements que je ne pouvais plus porter. C’est vraiment très pratique et ça permet de renforcer l’attachement sentimental à certaines pièces de notre garde robe.”
La pièce upcyclée préférée de Kawtar? Une combinaison qu’elle a créée à partir de deux vestes Adidas. “J’ai fait cette combinaison à partir de deux vestes Adidas grises. Le tissu de ces vestes était assez technique, une maille respirante sportswear. Je suis fière de cette pièce car j’ai atteint mon but de récupérer un maximum de chutes de tissu: 95%. J’ai créé la combinaison et quelques accessoires y compris un masque, des gants et une poche amovible”.
Adel, cofondateur du label familial PICKLOZ nous parle de son expertise en upcycling. Le nom Pickloz n’a pas été choisi au hasard, “on est parti du constat qu’il y avait trop de vêtements chez les gens. Mon fils a choisi le nom. Pickloz vient des mots anglais pick, qui signifie prendre ou choisir et clothes pour désigner les vêtements” nous partage Adel.
Le projet Pickloz a pris forme en plusieurs étapes. Depuis sa jeunesse, Adel est passionnée par la mode et s’est progressivement découvert un intérêt pour l’upcycling “Une fois je regardais un clip à la télé et un guitariste portait un super blouson en daim avec des franges. À l’époque je dansais le hip-hop avec des amis ivoiriens dans ma cité donc je me suis dit que danser avec un blouson pareil serait extraordinaire. Je n’avais jamais cousu auparavant. Spontanément, j’ai pris un cutter, j’ai découpé mon blouson puis j’y ai ajouté des franges. Quand on habite dans un quartier, soit ça passe, soit ça casse. Si ça marche, on est les meilleurs, sinon on est les plus nuls donc j’avais un peu peur de sortir avec cette création. Finalement, je me suis lancé et mon blouson a eu un succès fou. Des personnes de différents quartiers de Nantes l’ont porté. J’ai aimé avoir tous ces regards sur moi et j’ai vite compris que le vêtement permet d’exister”.
Malgré son intérêt grandissant pour la transformation des vêtements et le milieu de la mode, la pression sociale a empêché Adel de se focaliser sur sa passion , “À l’époque, ça n’était pas acceptable qu’un homme qui vient des quartiers se lance dans une école de mode. La société française m’a également bloqué, je n’avais pas de role model maghrébin ou d’une ethnicité différente qui avait réussi en France à cette époque là. Je me suis donc dit que l’industrie de la mode n’était pas pour moi. Pas pour un maghrébin de quartier”.
Adel a fait face à une révélation lors d’un voyage en Asie et particulièrement, au Japon, en 2016. Il a décidé de se lancer, enfin, dans l’industrie de la mode, avec un focus sur la modest fashion dans un premier temps.
La vision du fondateur de Pickloz a drastiquement changé lorsqu’il a fait face à l’envers du décor de l’industrie de la mode, “Je travaillais avec un atelier à Dubaï. Il y avait beaucoup de retard sur la collection que j’avais créée du coup je commençais à vraiment m’inquiéter. J’ai donc décidé de mettre la main à la pâte. Quand j’ai rencontré les ouvriers sur le projet, je me suis totalement intégré et ils ont commencé à s’ouvrir à moi. J’ai découvert qu’ils se sont fait escroquer. Ils vivaient dans des conditions vraiment difficiles. Je ne voulais absolument pas contribuer à ça alors j’ai commencé à réfléchir à des moyens éthiques de travailler dans l’industrie de la mode. Le côté humain est important à mes yeux, je ne veux pas exploiter les gens”.
En plus d’avoir pleinement pris conscience des problématiques liées à l’exploitation humaine, Adel a cerné le potentiel de la transformation des vêtements vintage et seconde main et le besoin de renouveau de l’industrie de la mode. “Je me suis demandé pourquoi on entend parler seulement du vintage occidental. Les pièces vintage et les designs non occidentaux ne sont mis en avant que lorsqu’un grand créateur triche et se les approprie. Avec Pickloz, j’ai décidé de transformer des pièces orientales et de les combiner avec des vêtements occidentaux. J’ai pu récupérer des pièces d’Inde, d’Afghanistan, et même de Tunisie que j’ai pu transformer”.
Aujourd’hui, les marques de vêtements sur-produisent et font face à des problèmes majeurs de gestion des stocks. Pickloz collabore avec ces marques et s’engage à transformer leurs produits pour leur donner un second souffle. L’upcycling est aussi un moyen pour le créateur du label de communiquer autour de thématiques sociales et politiques qui lui tiennent à cœur. “Une fois, j’ai travaillé sur un manteau Yves Saint Laurent. Mon but était de mettre en avant son histoire en le superposant avec une pièce orientale. J’ai pu récupérer une robe Yémenite de 100 ans. L’idée était de garder la valeur et l’histoire de ces deux pièces uniques. C’est à cet instant que je me suis dit que mon expression créative et politique étaient bien présentes. Aujourd’hui, cette pièce symbolique est un rappel de la souffrance du Yémen” dit Adel.
PICKLOZ: Manteau travaillé avec une pièce Yéménite.
Pickloz a notamment été propulsé grâce à Mouloud Achour de CLIQUE TV. Le label attire des danseurs professionnels de renommée mondiale et collabore avec des stylistes et des showrooms qui habillent des personnalités dans le milieu musical.
Nous vous invitons à découvrir quelques créations du label ci-dessous:
PICKLOZ: Sneakers Bag N.1 Chaîne Courte
PICKLOZ: Haut Bleu Le Coq Sportif
PICKLOZ: Bas de Survêtement SITE WEB: pickloz.com Crédits de toutes les photos de la marque @pickloz: Photographe : @yotann.raw Direction artistique et styling : @amelhdi
Comments