Partager la publication "Dans les coulisses du label Atlal from Galbi: une interview exclusive de Lilia Yasmin"
Partie 1: Get to know Lilia, créatrice du label Atlal from Galbi.
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Comment vas-tu?
Hello, ça va super! C’est un peu la course en ce moment, on a plein de nouveaux objectifs pour cette nouvelle année et le mois de janvier démarre fort avec la PFW Homme. On est en train de bosser sur un projet secret: notre tout premier pop up store physique! On a beaucoup de travail, mais ça me fait plaisir de voir la marque avancer et grandir !
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Est-ce que tu pourrais te présenter?
J’ai 27 ans et j’habite à Paris. Je suis d’origine algérienne, plus précisément de Chlef et Relizane et aussi de Sétif du côté de ma maman, du coup je connais pas mal de régions d’Algérie. D’ailleurs la pluralité de toutes ces régions m’inspire beaucoup.
Je design pour ATLAL FROM GALBI depuis 3 ans. C’est un projet que j’ai commencé en parallèle de mon boulot.
Avant tout ça j’ai étudié l’économie et la finance entre la France, les USA et l’Italie.
Comme au fond de moi je savais que je voulais bosser dans le milieu créatif, j’ai allié mes études avec ma passion. J’ai donc fait mes stages dans des maisons de mode en tant que Merchandiser. Le premier a été chez APC et ensuite j’ai fait mon stage de fin d’études chez Louis Vuitton en Menswear pour les collection de Virgil ABLOH (paix à son âme <3 ) – Une personne dont le processus créatif m’a beaucoup inspiré. Ensuite, j’ai enchaîné directement avec un job chez Balenciaga à la production Leather Goods & Shoes.
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Quel est ton plat algérien préféré et pourquoi?
Ahahah inattendue cette question, j’adore. Je ne suis pas très fan des plats sucrés à vrai dire, mais en ce qui concerne le salé, impossible de faire un choix. Comme je l’ai dit, je suis originaire de plusieurs endroits en Algérie, alors, la cuisine de Sétif, en particulier de ma grand-mère, est number one dans mon cœur. En réfléchissant, je dirais Trida, Fremssa, Jelbana et bien sûr le couscous de mané est le meilleur à mon palais.
Sinon, à chaque fois que j’atterris à Alger, j’ai un petit rituel; je passe obligatoirement au port de pêche de Tipaza pour les crevettes piquantes. Enfin, le plat de mon enfance c’est le sandwich Karantika, frites et felfel des plages de Mostaganem avec un petit verre de Hamoud Boualem.
Partie 2 : Inspirations
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Quelles sont les valeurs de Atlal from Galbi?
Les valeurs du label sont le partage, l’authenticité et l’unicité.
À travers ce label, j’essaie de transmettre une histoire, celle de l’identité et des racines, comment transmettre son identité à travers ses vêtements, quel message on souhaite faire passer à travers sa silhouette. C’est pour cela que les pièces sont assez minimalistes, que je travaille beaucoup dans les détails, les boutons, les coutures, les coupes qui créent une silhouette assez unique et percutante.
J’attache également un point d’honneur à la fabrication et la production, toute la collection est fabriquée ici à Paris, et mes broderies en Algérie. Je fais très attention à l’environnement dans le processus de production, je réutilise les tissus afin qu’il ne soit pas gâché. C’est très important pour moi.
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Quelle est la place de l’Algérie dans ton travail?
Elle a une place centrale puisqu’elle est ancrée dans ma vie mais je ne cherche pas particulièrement à représenter un pays en particulier dans mes créations. Je ne fais pas de vêtements traditionnels, du moins je ne commence pas une collection en me disant qu’il faut absolument qu’il y ait des références sur mes origines. Je suis très inspirée par tout ce qui m’anime au quotidien, que ce soit la musique, la langue ou encore la nourriture. Ma plus grande source d’inspiration est ma grand-mère, du coup il y a pas mal de références à elle dans la direction artistique du label ou dans mes créations.
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Quels éléments de la culture algérienne t’inspirent le plus?
Vraiment beaucoup d’elements…Dans un premier temps je dirais le Rai pour son côté avant-gardiste et précurseur dans la musicalité mais également pour la place de l’homme et la femme dans ce mouvement. Ensuite, les tenues de fêtes m’inspirent beaucoup et en particulier les bijoux. Même si on l’évoque peu, le cinéma algerien m’inspire énormément grâce aux émotions qu’il procure.Je pense en particulier à NAHLA de Farouk Beloufa ou encore Delice Paloma avec Biyouna.
Une balade dans les rues d’Algérie peut suffire à m’inspirer: les algériens, les différentes architectures: des beaux-arts d’Alger a la Casbah, au jardin d’essai, jusqu’à mon village ou les maisons sont à moitié terminées. Au final, c’est cette beauté déconstruite et les contrastes apparents que j’aime énormément.
J’ai également découvert la culture Sahraoui suite à mon road trip dans le désert algérien, une culture dont je suis tombé amoureuse, d’ailleurs la plupart des photos sur le compte Instagram de Atlal from Galbi sont les photos que j’ai réalisées dans le désert. J’ai ressenti une énergie que je n’ai jamais ressenti ailleurs, un dépaysement total et l’impression d’appartenir à une autre époque. Ce voyage m’a changée et ma vision de la beauté.
Enfin, les peintures de Mohammed Racim sont également une source d’inspiration importante pour moi.
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Est-ce qu’on peut retrouver d’autres références culturelles dans ton travail? Si oui, lesquelles et pourquoi?
Oui, bien sûr. J’ai une passion pour l’astronomie, la galaxie, les aliens…C’est pour cela que la première pièce que j’ai créée est le tee-shirt OFF TO THE MOON. Depuis la création de Atlal from Galbi, je veux transmettre que rien n’est impossible et qu’il faut toujours aller chercher plus loin.
Je suis une grande fan de Kid Cudi depuis le lycée et il a aussi inspiré ce design. D’ailleurs, la phrase « Off to the moon » est mon statut WhatsApp depuis mes 15 ans à la suite de sa chanson « Man on the Moon ». C’est aussi la raison pour laquelle la culture musicale américaine vient se greffer à mon travail indirectement.
Ensuite, les divas du monde arabe telles que Oum Khaltoum, Sherihane, Asmahane, Fairouz, Warda… sont des sources d’inspirations quotidiennes. Elles ont un cote glamour et une prestance inégalable.A travers Atlal, j’aimerai remettre au gout du jour la Femme de leur époque. En particulier, la femme arabe que le monde entier admirait. D’ailleurs, “ATLAL” vient d’une chanson d’Oum Kalthoum « EL ATLAL ».
Enfin, Je suis énormément inspirée par les animés japonais, plus particulièrement les studios GHIBLI. Le tee-shirt SOUVENIR d’Alger est une utopie que j’ai peinte comme si je créais mon propre animé, les couleurs sont pastels.
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Quels designers t’inspirent le plus?
Dans un premier temps, je dirais Virgil ABLOH. Il a joué un rôle majeur dans la démocratisation de la culture dans la mode. Quand je travaillais chez Louis Vuitton, il a sorti une collection avec le drapeau de l’Afrique du Sud. Voir ça chez Louis Vuitton, une maison de mode ancestrale française, c’est grandiose. Virgil est inégalable et restera a vie mon icône du 21e siècle.
Ensuite, je dirais Martin Margiela pour ses coupes et son avant-gardisme. Il est à l’origine de ce qu’on appelle aujourd’hui «l’upcycling ». Avec Margiela on s’intéressait seulement au vêtement et à rien d’autre.
Rei Kawakubo de Comme des Garçons m’inspire aussi. Ses collections “all black”, sa maîtrise des coupes et son mouvement anti fashion.
Last but not least, Azzedine Alaïa est un tailleur hors pair dont les créations ne vieillissent jamais.
Partie 3: What’s next?
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Quoi de prévu pour Atlal dans les mois qui viennent?
En ce moment, on communique toujours sur la collection UTOPIA.
Une grande nouvelle: on va ouvrir notre premier POP UP store à Paris au 73 rue de Turenne du 28 janvier au 1er février. Il y aura toutes nos collections et on a hâte de rencontrer nos clients et de pouvoir enfin discuter avec eux. On est également en pleine création d’un drop qui sortira fin février. Enfin, en juin, nous présenterons une nouvelle collection.
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Peux-tu partager un spoiler sur la prochaine collection avec nos lecteurs?
The Moon has never been so close.
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