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Rencontre avec Amazigh Kateb

Kateb Amazigh donnera une série de concerts dans les jours qui suiveront, Alger ce vendredi, Oran la semaine qui suit, puis deux autres plus intimistes à Sidi Bel Abbes, au théâtre que dirigea, jadis, feu son père, Kateb Yacine ! Redha MENASSEL, notre journaliste l’a rencontré.


Redha : Amazigh bonjour, c’est toujours un plaisir de vous interviewer, comment ça va ?

Amazigh : Wallah très bien, et toi ?

Redha : Nickel ! Parlez-nous de votre activité hyper-chargée de cette semaine puisque vous donnerez pas moins de 4 concerts dans les jours qui suivent…

Amazigh : Alors, ça commence déjà par deux gros concerts, l’un à Alger à la Coupole le 20,  l’autre c’est le 27 au méridien d’Oran. Entre les deux, il y’aura le tournage d’un clip sur Alger…

Redha : Sur quelle chanson ?

Amazigh : C’est une surprise… (Sourire malicieux)

Redha : J’étais sûr que vous diriez ça….

Amazigh : (Rires) Ben tu verras bien quand ça sortira, en tout cas c’est une chanson du dernier album !

Juste après, on partira les 29 et le 30 mars prochains au théâtre régional de Sidi Bel Abbes pour deux concerts plus modestes ! C’est un théâtre où j’ai grandis puisque mon père y était en poste en tant que directeur. C’est donc une région où j’ai beaucoup de souvenirs et énormément d’amis d’enfance que je veux revoir…

Et puis c’est une région où la musique est très particulière, très riche…

Redha : Absolument, Lotfi Attar est de là bas par exemple…

Amazigh : Parfaitement ! Lotfi Attar qui est LE représentant guitaristique de  notre pays ! C’est pour moi l’un des meilleurs guitaristes d’Algérie et même du monde.

La dernière fois que j’étais à Belabbes, c’était dans un bar,  et à un moment, y’a 3 musiciens qui débarquent avec «  el kellouz », « el guesba » et « el bendir » ! Hé ben je te certifie que «  guelbouh el bar ya kho », ils ont foutu une ambiance pas possible !

Les musiciens de la bas ont un son incroyable, tu sens qu’il y’a un peu du Sahara et un peu de Mississipi dedans !  Et puis il y’a beaucoup d’humour dans ce rai du t’rab bien loin des thèmes langoureux habituels, c’est profond, écorché, drôle , bluesy genre «  entalbek hettal lel k’bar  » (rires) et moi je veux rendre hommage à ça !

Redha : Justement, vous lancez un appel aux jeunes groupes de la région pour éventuellement faire votre première partie…

Amazigh : Voila, je les invite à m’envoyer un peu de son pour voir ce qu’ils font, quels sont leurs besoins et pour voir si éventuellement on peut les programmer ! Ils peuvent m’envoyer tout ça sur mon compte Facebook !

Redha : Lorsque je vous avais interviewé la dernière fois, vous planchiez sur un projet concernant la chanson dans le milieu carcéral, où est-ce que ça en est?

Amazigh : J’en suis encore à l’état de recherche et de lecture !  Je me suis tapé, par exemple, tout le chant général de Pablo Neruda  parce qu’il faut lire lire lire beaucoup pour que des choses remontent ! Il faut attendre que le cerveau digère tout ça et que lui-même résonne…

Redha : Qu’est-ce qui vous attire dans cette musique au fait ?

Amazigh : Ce qui m’attire dans cette musique c’est exactement ce qui m’attire dans la musique Gnawa, c’est-à-dire le chant de la liberté ! Les esclaves chantent la liberté comme personne, pourquoi ? Parce qu’ils en sont tout simplement privés !

Très souvent, quand les prisonniers se mettent à chanter, ce sont des mots justes, des mots vrais ! Et en l’occurrence, ce ne sont pas des textes qui émanent de détenus de droit commun, de voleurs ou d’assassins, mais ça vient plutôt de détenus politiques, des gens qu’on a foutu en prison à cause de leurs idées,  de leurs prises de positions, et de leurs actions politiques.

Donc je tiens à rendre hommage à ça parce qu’on vit une époque qui manque de courage, cruellement. C’est juste beau le courage de quelqu’un qui est derrière les barreaux mais qui dit MERDE !

Moi mes enfants, le premier mot que je leur ai appris, ce n’est pas papa ou maman, c’est MERDE (rires)

Redha : (rires) Merci beaucoup Amazigh !

Amazigh : Merci à toi !



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